mardi 21 décembre 2010

Les relations entre le commerce équitable et la grande distribution

La grande distribution comme le commerce équitable sont nés à la suite de la Seconde Guerre Mondiale. Les acteurs de ces deux marchés ont des visions du commerce diamétralement opposées, mais ils ont cependant établi des relations. quelle est la capacité de la grande distribution à garantir un prix minimum aux producteurs issus du commerce équitable alors qu’elle exerce une pression sur ces fournisseurs conventionnels par le biais des marges arrière ? Quelle est la capacité de la grande distribution à créer un climat relationnel propice à la diffusion du message lié au commerce équitable sur la surface de vente ?
1. La diffusion du message
le choix de la distribution et des points de vente est un des éléments constitutifs du mix-marketing : le consommateur fait en effet le choix du point de vente avant de faire le choix du produit, le lieu de vente détermine de fait en partie le comportement d’achat du client. Dans les grandes surfaces et les magasins spécialisés remplissent des fonctions différentes ; le comportement du consommateur n’y sera pas le même. Les relations acheteur/vendeur de ces deux types de point de vente vont être comparées, et l’importance de la plus-value équitable du produit va être mise en avant.
Des lieux de vente contradictoires
les grandes surfaces : La relation vendeur/acheteur est réduite à son strict minimum : le consommateur peut choisir librement les produits qu’il souhaite, sans intervention d’un vendeur. Le client n’obtient a priori aucune information sur le produit de la part d’un membre du personnel du magasin lors du choix du produit et de son achat.
Or, la « plus-value équitable » n’étant pas physique, ne permet pas au produit de se différencier en rayon parmi d’autres produits ; la relation acheteur /vendeur, inexistante en grande distribution, semble alors cruciale pour la vente des produits équitables en grandes surfaces. Le circuit spécialisé peut être considéré comme des lieux privilégiés d’information, de sensibilisation et de dialogue, étant à l’origine historique même de la diffusion du commerce équitable.
La plus-value équitable, atout pour le produit
Les grandes surfaces et les magasins spécialisés ont des visions opposées du rôle du vendeur et de la surface de vente : en l’absence de vendeurs en grande distribution, le produit équitable bénéficie d’une plus-value équitable. Le label apposé sur le produit est suffisant pour le différencier et être identifié par les consommateurs. le commerce équitable, s’il souhaite obtenir de réels débouchés et aider les producteurs, doit être présent en grandes surfaces : elles totalisent 90% des ventes des produits alimentaires et 80% des ventes de produits alimentaires issus du commerce équitable.
Le produit et son producteur sont au coeur de cette plus-value équitable, et leur histoire est le vecteur principal de communication et de promotion du commerce équitable. L’histoire du produit doit être racontée sur le packaging à défaut d’être racontée par les vendeurs, de la façon la plus transparente possible.
2. La recherche du prix le plus bas et le prix minimum garanti
Le principe du prix minimum garanti du commerce équitable exclut que les centrales d’achat puissent appliquer le système des marges arrière. Le surcoût du commerce équitable est difficile à envisager, et pourrait être un frein à son développement
Les labels protègent en partie les producteurs
Un acheteur de grande distribution ou du circuit spécialisé est obligé de respecter certaines règles : le paiement du prix minimum fixé pour le produit, celui de la prime de développement, la signature de contrats long terme et le paiement en avance à la demande du producteur. Ces critères non respectés, le logo ne sera pas apposé sur le produit, qui ne sera pas identifié comme équitable par le consommateur.
La spécialisation sur une gamme de produits permet d’asseoir sa légitimité, d’optimiser ses coûts et le prix de revient du produit. Le surcoût à l’achat de la matière première par rapport à un produit conventionnel peut être lissé par des volumes achetés plus importants, qui écrasent alors les frais fixes. Enfin, les frais de marketing et de communication sont très limités : aucune publicité n’est faite ; l’essentiel du mix marketing se situe sur le packaging du produit.



Le producteur est clairement identifié et semble heureux.
Le message est fort, décalé et frappant
Les qualités gustatives du produit sont mises en avant
L’origine et la coopérative productrice du chocolat sont clairement identifiées
La décomposition du produit et l’origine de ses composants sont donnés
Le logo Max Havelaar (ici accompagné de AB) est la légitimité du caractère équitable du produit pour le consommateur

vendredi 17 décembre 2010

Le Commerce Equitable face aux femmes et aux soucis environnementaux :

La situation des femmes face au commerce équitable :
Au Nord, le commerce équitable est un mouvement porté par les femmes. En effet, près de 80% des Européens qui s'investissent bénévolement dans des réseaux de commerce équitable sont des femmes.
Au Sud, le commerce équitable est le seul secours des femmes : pour certaines d’entre elles, majoritairement les femmes seules avec des enfants, le commerce équitable est leur seul revenu possible en dehors de la mendicité.
Le commerce équitable, à travers la possibilité d'exercer une activité économique reconnue, contribue à la reconnaissance sociale des femmes et permet d'induire des changements de comportements dans les ménages et la société. Entre autres il leur a permis de :
- Gagner leur autonomie
- Nourrir leur famille grâce à la culture vivrière
- Valoriser les savoirs faire, acquérir de nouvelles compétences
- Donner l'exemple et s'investir dans des réseaux d'économie solidaire
Les effets environnementaux :
Préserver l’environnement a un coût, le prix payé au producteur par le commerce équitable est calculé de façon à permettre un revenu décent à sa famille. Il sert également à couvrir tous les coûts de production, y compris les coûts environnementaux. C'est-à-dire que le prix équitable permet au producteur de faire face au surcoût que suppose la mise en place d’un système de production moins polluant permettant de maintenir le capital écologique pour les générations futures.

Le Commerce Equitable : forcément plus chère ?

Au départ, le commerce équitable concernait surtout l’alimentaire et les producteurs de matières premières, puis les pratiques se sont peu à peu étendues aux artisans et même au secteur tertiaire : textile, décoration, mobilier, bijouterie, tourisme.
Sur de faibles volumes, le surcoût pour le consommateur est de 10% en moyenne. Lorsque l’on atteint un seuil critique, ce surcoût peut être diminué à 2%, notamment grâce à l’introduction dans la grande distribution. Afin de proposer les produits à des prix raisonnables, les marques réduisent la plupart du temps les marges qu’elles réalisent sur les produits. De son côté, le producteur voit son revenu augmenter de 30 à 40%, voire 200% en cas de chute des cours.

Le prix plus juste couvre le coût de production y compris le coût social et environnemental. Ainsi, en matière de café et de cacao dont les cours sont fixés par les marchés internationaux, le commerce équitable paie le prix international plus une marge supplémentaire. Ce surcoût n'entraîne pas nécessairement des prix beaucoup plus élevés que ceux pratiqués dans les grandes surfaces commerciales. Par ailleurs, de plus en plus de consommateurs refusent de payer des prix qui obligent les producteurs à vivre dans des conditions dégradantes.

Il était une fois le Commerce Equitable :

Le commerce équitable s'est développé en Europe, il y a près de 30 ans où des citoyens ont pris conscience que les bénéfices de la croissance des échanges et du commerce n'étaient pas partagés de manière équitable par tous les pays ni par toutes les couches de la population mondiale. Le commerce équitable est une alternative aux circuits de distribution conventionnels. Il permet de consommer de manière responsable en refusant de continuer à appauvrir une grande partie de la planète. Et en redonnant au commerce un visage humain.
Dans les années 40, les Américains furent les premiers à faire du commerce avec les communautés pauvres du Sud. L'idée du commerce équitable est née, quant à elle, en 1964 lorsque les Pays du Sud insistèrent sur la nécessité d'échanges justes, lors d'une réunion de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).
Aujourd’hui, le commerce équitable est une initiative de plus en plus connue et reconnue.
Le but du commerce équitable n'est pas la recherche du bénéfice, mais le soutien aux producteurs du Tiers Monde. Pour cela, il garantit aux petits producteurs de bénéficier d'un prix juste pour leur travail. Il permet donc de les intégrer dans les grands circuits commerciaux.
La démarche du commerce équitable va au-delà d'un échange commercial différent permettant une meilleure rémunération des producteurs et par là même, leur développement économique. Elle insiste sur le fait que les organisations de commerce équitable, relayées par les consommateurs, soutiennent les organisations de producteurs, sensibilisent le grand public et mènent des campagnes visant à modifier les règles et les pratiques du commerce international conventionnel. Le commerce équitable recouvre donc trois dimensions, complémentaires et indissociables :
  •  Une dimension socio-économique : car il y a des échanges équitables et un développement durable
  •  Une dimension éducative pour d’autres modes de relations commerciales basées sur la confiance et la transparence
  •  une dimension politique avec un engagement pour plus de justice dans les règles du commerce international